Thèses de doctorat

Linguistique

Résumé à suivre.

Doctoral Thesis: Pragmatic of speech acts – an experimental approach

In my PhD project, I will focus on the field of pragmatics and concentrate my work on the study of speech acts. More precisely, I will consider two specific acts: criticism and compliment. Since the birth of speech acts theory, which is generally attributed to Austin (1962), this important theoretical notion has been discussed by several scholars with a theoretical, discourse-oriented or cross-cultural perspective (e.g., Kerbrat-Orecchioni, 2016). However, fewer contributions have analyzed speech acts empirically, using an experimental methodology. To fill this gap, I will carry out different controlled experiments to assess the use of compliment and criticism by native and non-native speakers, in various communicative situations. I will adopt an interactionist approach, thus considering these speech acts as the product of verbal interaction. This will give a greater importance to the situation in which the acts occur, but also to the participants themselves. My aim will be to explore the extent to which the factors related to the situation (setting, interpersonal relationship, type of act) and the participants (language, personality, socio-demographic background) impact the comprehension and the production of these acts. Through this approach, I will be able to assess inter-individual differences between speakers from the same language and culture, as well as different ones, and take an interdisciplinary view on this topic, integrating insights from sociolinguistics, cognitive psychology, and anthropology.

Thèse de doctorat : Pragmatique des actes de langage – une approche expérimentale

Dans le cadre de ma thèse de doctorat, je m'intéresse au domaine de la pragmatique et concentre ma recherche sur l'étude des actes de langage. Plus précisément, deux actes spécifiques sont au centre de mes analyses : la critique et le compliment. Depuis la naissance de la théorie des actes de langage, qui est généralement attribuée à Austin (1962), cette notion théorique importante a été discutée par plusieurs chercheurs avec une perspective théorique, orientée vers le discours ou encore interculturelle (par exemple Kerbrat-Orecchioni, 2016). Cependant, moins de contributions ont analysé les actes de langage de manière empirique, en utilisant une méthodologie expérimentale. Pour combler ce vide, je réaliserai différentes expériences contrôlées pour évaluer l'utilisation de la critique et du compliment par des locuteurs natifs et non natifs, dans diverses situations de communication. J'adopterai une approche interactionniste, considérant ainsi ces actes de langage comme le produit d'une interaction verbale. De ce fait, une plus grande importance sera donnée à la situation dans laquelle les actes se produisent, mais aussi aux participants eux-mêmes. Mon objectif sera d'explorer dans quelle mesure les facteurs liés à la situation (contexte, relation interpersonnelle, type d'acte) et aux participants (langue, personnalité, milieu socio-démographique) ont un impact sur la compréhension et la production de ces actes. Grâce à cette approche, je serai en mesure d'évaluer les différences interindividuelles entre les locuteurs d'une même langue et d'une même culture, ainsi qu'entre des locuteurs différents, et d'adopter un point de vue interdisciplinaire sur ce sujet, en intégrant les connaissances de la sociolinguistique, de la psychologie cognitive et de l'anthropologie.

Littérature

La présente recherche se fonde sur la question du paysage dans l’œuvre romanesque et poétique de deux écrivains francophones: C.F. Ramuz (écrivain suisse romand) et Edouard Glissant (écrivain martiniquais). Elle investit trois principaux axes de réflexion: le rapport à l’espace, le rapport à la langue, et le rapport à l’identité.

Les paysages de C.F. Ramuz et d’Edouard Glissant relèvent d’aires linguistiques et culturelles extrêmement différentes et semblent a priori diamétralement opposés et sujets à forclore toute attitude comparatiste. Leurs paysages ne se limitent cependant pas à de simples représentations topographiques, car pour eux, le paysage n’est pas le pays, mais son image, révélant l’imaginaire, la mémoire et les représentations sociales et culturelles du sujet. La relation au paysage permet alors de dégager les liens intimes et parfois problématiques que les auteurs francophones tissent avec l’espace, l’histoire, la langue et la littérature françaises.

Le paysage résulte d’une interaction particulière entre le sujet et le monde et cette interaction requiert tous les sens de la perception ainsi que la mémoire. La perception du paysage nous intéresse, en ce qu’elle engage un langage capable de rendre compte de la singularité du rapport au monde de l’écrivain. C’est dans un travail sur la langue orale que C.F. Ramuz et Edouard Glissant dégagent de nouveaux rapports qui dévoilent leur singularité et les rapprochent à la fois.

Si le paysage permet à l’écrivain de dire son attachement au pays et à la langue, il lui permet aussi d’en dépasser les frontières. Le paysage multiplie alors les rapports qui nouent l’attachement au pays et l’élan vers l’ailleurs, l’emploi du français et son altérité linguistique, le moi et l’Autre.

À l’origine de ce projet de recherche, cette question de Hölderlin que Maurice Blanchot nomme une « parole désolée [1] » : « Und wozu Dichter in dürftiger Zeit ? [2] ? » (« Et pourquoi, dans ce temps d’ombre misérable, des poètes [3] ? ») Cette ardente question énoncée dans l’élégie « Le Pain et le vin » trouve des échos tout particuliers au XXe siècle et éveille à l’infini de nouveaux questionnements. Et pourquoi des poètes dans un monde livré à l’horreur de la guerre et des pouvoirs totalitaires ? Comment l’écriture poétique résiste-t-elle « face à l’extrême [4] », selon l’expression employée par Tzvetan Todorov pour désigner le XXe siècle et ses totalitarismes ? Les poèmes pourraient-ils être des actes de résistance ? Les poèmes d’Ossip Mandelstam, de Paul Celan et de René Char, réunis ici pour la première fois, résonnent comme autant de réponses possibles. « Ce qui a résisté [...] – la voix du poète », écrit Mandelstam (traduit par Char [5]) en relégation à Voronej en janvier 1937.

            La notion de résistance sera examinée selon différents points de vue (philologique, historique, philosophique et littéraire) qui permettront d’entrer dans la lecture des poèmes du corpus et d’y repérer le « phénomène résistant » à l’œuvre. Pour ce faire, des traductions personnelles de certains poèmes seront présentées, notamment des poèmes de Paul Antschel-Celan, écrits pendant sa captivité au camp de Tabaresti en 1943, dont il n’existe à ce jour ni traduction ni exégèse en langue française. Sera alors menée une réflexion sur l’idée de « poétique du témoignage [6] », énoncée par Jacques Derrida dans ses travaux sur l’œuvre de Celan, et sur le statut de « témoignage » que l’on peut conférer à certaines œuvres poétiques [7]. Mêlant ainsi « dimension historico-politique » et dimension littéraire dans « une approche interconnectée », selon l’expression employée par Catherine Coquio [8] cette thèse se propose donc de poser les fondements du concept de « résistance poétique », à l’instar de la « résistance spirituelle » de Maurice Blanchot [9] et de la « résistance civile » de Jacques Sémelin [10]

[1] Maurice Blanchot, L’espace littéraire, Paris, Gallimard, 1955, p. 329

[2] Friedrich Hölderlin, « Brod und Wein », Sämtliche Werke, Frankfurter Ausgabe, Band 6, Elegien und Epigramme, herausgegeben von D.E. Sattler und Wolfram Groddeck, Frankfurt am Main, Verlag Roter Stern, 1976, p. 218. 

[3] Friedrich Hölderlin, « Le Pain et le vin », traduction de Gustave Roud, in Odes, Élégies, Hymnes, Préface de Jean-François Courtine, traductions de Michel Deguy, André du Bouchet, François Fédier, Philippe Jaccottet, Gustave Roud et Robert Rovini, Paris, Gallimard, 1967, p. 103.

[4] Tzvetan Todorov, Face à l’extrême, Paris, Seuil, 1991.

[5] Ossip Mandelstam, « Ce qui a résisté », in La Planche de vivre, Choix et traductions de René Char et Tina Jolas, Paris, Poésie/Gallimard, 1981, p. 52.

[6] Catherine Coquio, La littérature en suspens. Écriture de la Shoah : le témoignage et les œuvres, Paris, L’Arachnéen, 2015, p. 183.

[7] Il existe de nos jours en Russie un renouvellement de l’historiographie qui se propose d’aborder aussi les textes littéraires comme des objets historiques. 

[8] Catherine Coquio, op. cit., p. 89.

[9] Maurice Blanchot, L’écriture du désastre, Paris, Gallimard, 1980, p.132.

[10] Jacques Sémelin, Sans armes face à Hitler, La résistance civile en Europe, 1939-1945, Paris, Payot & Rivages, 1998 [1989].

 

Les poèmes sur l’art au XVIIIe siècle : potentiels et perspectives

La poésie sur l’art au XVIIIe siècle est un type spécifique de l’écrit sur l’art qui connaît une phase d’intense publication en France au milieu du siècle. Ceci pour trois raisons principales : la réouverture des expositions d’art au Salon carré du Louvre en 1737 éveille un goût pour l’expérience esthétique. Deuxièmement, le phénomène de l’exposition publique est une nouveauté urbaine de prédilection pour la poésie. D’autant plus que la versification assure une transmission de connaissances au sein de la société sous l’Ancien Régime. Dans ce contexte, le discours poétique mobilise des stratégies d’appropriation et de diffusion du vocabulaire pictural. Comme l’indique le topos de l’ut pictura poesis, la peinture et son art sœur sont liés par une relation de solidarité. Celle-ci par contre, et c’est le troisième élément contextuel, ne s’est pas encore traduite au niveau juridique. Pendant la deuxième moitié du siècle, l’académie royale et l’ancienne corporation négocient le statut de l’artiste en fonction de son activité. Le savoir-faire pictural est soit considéré en termes d’art mécanique lié au monde roturier du métier, soit il est d’ordre intellectuel et sera donc rattaché aux arts libéraux. Ces trois circonstances coïncident avec la hausse de publication de poèmes sur l’art au milieu du siècle. La thèse en cours de rédaction s’intéresse à l’articulation de cet ensemble par la poésie, véritable ambassadrice de la nouveauté.

Le corpus poétique se situe à l’intersection entre littérature et histoire de l’art ce qui fait son originalité. La perspective interdisciplinaire se prête particulièrement bien, car la poésie du XVIIIe siècle avance par appropriation de nouveaux discours dans son répertoire. L’étude du phénomène du goût pour l’art peut clarifier ce processus d’incorporation poétique. Le questionnement du rôle de la poésie en tant que porte-parole d’un savoir-faire pictural mettra en évidence par quelles stratégies le poète relie doctrine pratique et libérale. Quel rôle le vocabulaire spécifique joue-t-il dans la poétisation de la peinture ? Comment la versification peut-elle embellir un art profondément voué à la beauté ? L’art de peindre dispose-t-il d’images à exploiter par l’art des vers ? Ces interrogations essayent de faire sortir la corrélation entre les circonstances externes et des aspects poétologiques.

Das Forschungsprojekt "performance writing - der Text als künstlerische Strategie" untersucht den Status des Textes in verschiedenen Performance-Situationen (Oralität, Digitalpoesie, Kunstperformance). Die Performance dient nicht dazu, den Text vorzutragen, vielmehr gehört der Text zu den eingesetzten Strategien, mit denen die Performance realisiert wird. Das Zusammenspiel der verschiedenen Strategien, sowie das Erscheinen des Textes in anderen Materialitäten als dem Buch (Bild, Ton…) ergibt dabei jenes trans- oder intermediale Interaktionsfeld, in dem der Begriff performance writing relevant wird. Nicht nur der eingesetzte Text wurde oder wird geschrieben, auch die Performance schreibt sich sozusagen im Moment ihres Vollzuges immer wieder neu. Das Projekt ist gleichzeitig theoretisch und praktisch ausgerichtet, indem es die literarische Praxis beleuchtet und die Literatur unwiderruflich mit den performativen Praktiken der Gegenwartskunst verbindet. Letzte Skeptiker denken an John Cage und an seinen Beitrag zur Bereicherung der Auffassung von Musik.

Cette thèse propose une étude des œuvres de trois autrices sénégalaises dans lesquelles l’expérience migratoire et la relation entre des aires culturelles distinctes jouent des rôles de premier plan. Aussi, s’inscrit-elle dans l’horizon des études spatiales, des études migratoires et des études transaréales, qui, toutes, permettent à certains égards d’éclairer les relations entre littérature, géographie et migration. L’écriture de la migration implique d’interroger les relations des personnages à des espaces divers (terre natale, trajet vers d’autre territoires, frontière, pays d’accueil, etc.). Nous étudierons ces liens afin de montrer qu’ils jouent un rôle essentiel dans la détermination des identités des personnages et dans leurs relations à l’altérité.

Les œuvres littéraires de Ken Bugul, Fatou Diome et Aminata Sow Fall seront par ailleurs analysées à partir de l’étude de leurs chronotopes et chronochores [1], qui permettent d’interpréter les relations entre sujets, récits et lieux, et d’établir la chorésie [2] propre aux divers romans. Nous nous intéressons par conséquent à la construction de la question spatiale dans le discours : aux ressources utilisées par les narrateurs pour exprimer leurs visions des espaces, à la manière dont ces derniers sont perçus, vécus, imaginés et fantasmés par les personnages. À travers l’étude des représentations de l’Afrique et de l’Europe, mais aussi de l’imaginaire et des métaphores géographiques dans les œuvres en question, cette étude nous permettra de comprendre les enjeux des relations entre les sujets et l’espace.

Selon le « degré de géographicité [3] » de chaque œuvre du corpus, d’autres problématiques et des questions plus larges seront discutées, telles les extrapolations et les intrapolations géographiques présentées, les cartes narrativisées que les personnages établissent de la terre d’accueil, ou la multi-appartenance des sujets migrants.

[1] Dupuy, Lionel, L'imaginaire géographique. Essai de géographie littéraire. Pau, Presses de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, collection « Spatialités », 2019.

[2] Berque, Augustin, « Chorésie », Cahiers de géographie du Québec, 42 (117), Québec, 1998, p.437–448. Disponible sur : https://doi.org/10.7202/022767ar 

[3] Dupuy, op.cit.